Si la Juventus était une Vieille Dame, elle n’en garde aujourd’hui plus que le nom. Une semaine après le succès 3-0 face à Côme à domicile, la Juve a réitéré cette performance au Stade Marcantonio-Bentegodi lundi soir. Métamorphosée depuis l’arrivée de Thiago Motta, la Juventus est de nouveau l’étoile qui illumine le ciel du football italien.
Malgré les indisponibilités de Timothy Weah et Khephren Thuram tous deux blessés, Thiago Motta aligne un onze de départ relativement similaire à celui de la semaine passée avec un 4-2-3-1. Là où Fagioli remplace Thuram poste pour poste dans l’entrejeu, il y a davantage de changements sur le côté droit avec Savona qui fête sa première en tant que latéral droit, faisant monter Cambiaso un cran plus haut.
UN VENT DE RENOUVEAU
Dans un monde où le beau jeu est parfois réduit à de la possession et à du pressing, Thiago Motta nous rappelle que le football est un sport bien plus complexe. Avec un 4-2-3-1 qui se transforme en 5-3-2 à la perte de balle, le technicien italien pose les bases d’un schéma défensif qui repose sur la polyvalence et le goût de l’effort. En effet, lorsqu’on regarde la Juventus, on ne verra pas de pressing constant, tout terrain,… C’est un pressing qui s’exerce uniquement sur les touches ou coups francs adverses pour tenter d’asphyxier l’adversaire dès la remise en jeu, à l’image de la récupération de Locatelli sur le premier but des bianconeri. En revanche, si ce pressing ne fonctionne pas, c’est toute l’équipe qui redescend très rapidement pour former un bloc très bas qui, on le verra, ne sert pas uniquement à bien défendre. Toute la polyvalence défensive repose sur le rôle de Manuel Locatelli qui s’intercale entre les deux centraux sur chacune des attaques adverses, pouvant même coulisser sur les côtés de temps à autre pour soutenir ses latéraux en cas d’infériorité numérique. Avec lui, ce sont les ailiers Mbangula et Cambiaso qui redescendent très bas pour former la deuxième ligne défensive et accompagner les latéraux. Bien que cela puisse être surprenant, Dusan Vlahovic est également un joueur clef du système de Motta à la récupération puisque c’est lui qui impulse les pressings, suivi par ses coéquipiers. La charnière centrale Bremer-Gatti se montre également très solide, permettant aux latéraux de se projeter sans craintes. C’est donc une Juventus qui, contrairement à l’archétype des équipes qui « jouent bien », ne s’oblige pas à presser haut. Elle joue un jeu très singulier qui, en plus de fonctionner, offre un joli bol d’air frais.
Mais comme dit précédemment, le bloc très bas des bianconeri ne permet pas uniquement une défense très solide. Il a également la faculté de jouer sur le point fort de cette équipe de la Juventus nouvelle génération : les attaques rapides. Avec les onze joueurs dans leur partie de terrain, les italiens sont très nombreux à la récupération et disposent d’une grande quantité de possibilités pour déclencher une offensive. Ainsi, grâce à la qualité technique des joueurs de la Vieille Dame qui combinent presqu’à la perfection, ce positionnement défensif très bas permet la mise en place rapide de contre-attaques, domaine dans lequel excelle la Juventus. C’est d’ailleurs ce schéma de jeu que l’on retrouve sur le deuxième but juventino inscrit par Savona. Mais si le plan de jeu défensif reposait sur le placement de Locatelli, le plan de jeu offensif a également son homme clef et il s’agit d’Andrea Cambiaso. Positionné en ailier droit sur la feuille de match, l’Italien a en réalité un rôle bien plus hybride dont dépendent la plupart des attaques de son équipe. Cambiaso se positionne en véritable numéro 10, laissant le couloir droit à son latéral. En se plaçant ainsi, Cambiaso apporte le surnombre et permet, en une ou deux touches, d’orienter le jeu sur l’aile, comme il le fait parfaitement sur le but de Savona. De plus, le défenseur adverse est attiré et se déporte dans l’axe, libérant totalement son côté. Mais en plus de Cambiaso, Kenan Yildiz a également une fonction prépondérante dans le jeu de son équipe. Tantôt sur l’aile gauche, tantôt en soutien de Cambiaso dans l’axe, le Turc fait preuve d’une certaine polyvalence et d’une grande vision de jeu avec et sans ballon. Dusan Vlahovic, comme tout très bon neuf, alterne entre décrochages avec déviations et appels dans le dos de la défense permettant une certaine variation dans les offensives de son équipe. Auteur d’un très bon match face à Vérone, le Serbe a été récompensé d’un doublé. Le dernier rouage de cette attaque de la Juve, c’est le jeune Samuel Mbangula qui vient apporter toute sa vitesse et sa qualité de percussion à l’aile gauche de son équipe. C’est d’ailleurs le Belge qui provoque le penalty du 3-0. Globalement, la Juventus est une équipe qui a une parfaite utilisation de la largeur, que ce soit à droite ou à gauche, bien que le jeu penche sur ce dernier puisque Savona se retrouve souvent seul à droite.
Malgré un super match, désolé de faire le rabat-joie, mais certains points restent à perfectionner, certaines questions n’ont pas encore trouvé de réponses. Tout d’abord, la qualité des adversaires rencontrés jusqu’à présent ne permet pas d’assurer la solidité de la défense tant elle n’a que très peu mise en danger. On a par exemple vu une équipe de l’Hellas Vérone attaquer très lentement alors que, face à cette Juve qui se projette en nombre, il faut faire tout l’inverse pour espérer quelque chose. Pire que ça, Vérone a dès le début attaqué à 7 ou 8, étant donc systématiquement en déséquilibre (lorsque les joueurs courent vers leur but) sur les attaques adverses. Une tactique ratée qui aura laissée des traces face à une équipe qui se régale des contre-attaques. Néanmoins, le secteur défensif gauche de la Juve aura quand même montré certaines faiblesses, notamment avec un Cabal en difficulté, souvent épaulé par Locatelli et Mbangula. Offensivement, le jeu penche légèrement trop à gauche, il faudra sûrement montrer plus de variété face à de gros adversaires. Un peu plus de jeu long pourrait aussi être intéressant. Plus globalement, la Juventus aura clairement baissé de régime en seconde période, compréhensible au vu du scénario et de l’adversité mais attention à ne pas reproduire cela trop souvent.
De nombreuses interrogations qui trouveront sûrement des réponses dimanche face à l’AS Roma, première grosse affiche de la Juventus de Turin cette saison. Là où les gros calibres de Série A éprouvent quelques difficultés en ce début d’exercice 2024-2025, la Juve se montre pour l’instant irréprochable avec six points pris sur six possibles, en plus d’être séduisante dans le jeu. De plus, d’ici le choc du week-end prochain, Thiago Motta pourra compter sur de nombreux renforts avec les arrivées de Francisco Conceicao, Nico Gonzalez ou encore Teun Koopmeiners. C’est donc avec impatience que nous attendons de voir l’évolution de cette nouvelle Juventus qui se déplacera d’ailleurs au Stade Pierre Mauroy de Lille en Ligue des Champions.
TEMPS FORTS :
27ème minute : But de Dusan Vlahovic. Suite à une récupération haute de Locatelli sur l’une des rares séquences de pressing de la Juve, Vlahovic ouvre le score d’un joli plat du pied, bien servi par Yildiz. 1-0.
38ème minute : Quel mouvement des hommes de Thiago Motta ! Encore en attaque rapide, Cambiaso dévie et fait une énorme différence dans son rôle axial, Mobilisant le latéral de Vérone qui le suit dans l’axe, Savona se retrouve seul au second poteau pour mettre le ballon au fond sur un centre de Mbangula. 2-0
52ème minute : But de Dusan Vlahovic sur penalty. Le contre-pied est parfait et la Juve replante dès le retour de vestiaire pour s’assurer la victoire. Penalty parfaitement provoqué par Mbangula, ça fait 3-0 et un doublé pour le Serbe.
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