Mercredi soir, l’arrière français Bilal Coulibaly a signé sa meilleure performance depuis son arrivée en NBA. À seulement 20 ans, le joueur des Wizards confirme les espoirs. De ses débuts à Courbevoie jusqu’aux lumières de la NBA, Coulibaly incarne une ascension fulgurante, marquée par une mentalité de fer et un travail acharné.
À huit ans, Bilal Coulibaly enfile encore son kimono blanc sur les tatamis du dojo, mais le frisson n’est pas là. Un jour, il croise un terrain de basket, des paniers, des dribbles rapides. Le choix est immédiat : il troque le kimono pour la balle orange et signe au Courbevoie Sport Basket en 2012. C’est là, sur ce parquet, que débute l’ascension du futur prodige de la NBA. Il se plaît à défendre, shooter et après cinq ans passés dans le club des Hauts de Seine, tout s’accélère…
La carrière du virtuose français prend une autre dimension lorsqu’il rejoint Levallois en 2017, où il est repéré par les Metropolitans.
Son développement physique tardif l’empêche d’intégrer l’INSEP, mais ne ralentit en rien sa progression puisqu’il obtient ses premières sélections en Equipe de France Espoir. Malgré des blessures et la crise du Covid qui freinent sa progression, Coulibaly explose en 2021 avec les U18 des Mets, affichant une moyenne impressionnante de 24 points par match. Ce qui lui entrouvre les portes du monde professionnel…
Bourreau de travail
La saison 2022-2023 est celle de l’éclosion pour Bilal. Baladé au début de l’exercice entre le groupe professionnel et les jeunes des Mets, Coulibaly s’installe finalement chez les A et devient “révélation de la saison” en Betclic Elite. Il brille en demi-finale des playoffs face à l’Asvel, puis se révèle au monde entier, lors d’un match commercial face à l’équipe de Bronny James, fils du King, où il inscrit 25 points et termine MVP. Sa progression éclair attire les projecteurs, et en avril 2023, il s’inscrit à la draft NBA. Un choix étonnant, lui qui était attendu pour la suivante, mais judicieux puisqu’il profite de l’exposition d’un certain Victor Wembanyama. Initialement projeté vers la 40e place, il est finalement sélectionné 7e, confirmant la fascination pour son potentiel et son parcours hors-norme. À 18 ans, Bilal Coulibaly est prêt pour l’aventure NBA.
« Quand je suis arrivé je travaillais énormément le tir. Je m’entraînais tous les jours, tous les jours. J’allais à la salle tout le temps. J’ai ensuite travaillé le ball handling, j’ai besoin de pouvoir créer mes shoots », Bilal Coulibaly
Si Coulibaly est aujourd’hui au centre du projet des Wizards, c’est avant tout grâce à un travail acharné et une détermination sans faille. Coulibaly se distingue rapidement par son éthique de travail rigoureuse, “Je me dis que je peux toujours faire mieux,” résume-t-il. Multipliant les séances individuelles malgré le calendrier chargé de la NBA, il concentre ses efforts sur l’adresse, son point faible à son arrivée. Son coach, Brian Keefe, ne tarit pas d’éloges : “C’est ce qu’on veut de lui, […] Il apprend tous les jours et il sera encore meilleur”.
Climat de confiance
Son jeu défensif impose dès son arrivée un standard rare pour un rookie. Il le dit lui même : “Quand je rentre sur le terrain, je me dis que personne ne doit marquer sur moi,” une mentalité de compétiteur qui lui permet de progressivement s’imposer en NBA. Au-delà de son adaptation rapide à son nouvel environnement, il démontre un leadership et une maturité naturelle, à seulement 20 ans. Sa relation avec le leader de son équipe, Jordan Poole, en est le parfait exemple. Il n’hésite pas à conseiller son coéquipier, bien que plus expérimenté : “Cette saison est différente de la dernière, on te demande maintenant de prendre en main l’équipe. Il faut s’y faire, plus échanger avec les coéquipiers”, affirme-t-il.
Coulibaly s’adapte également avec aisance à la vie de Washington. Il maîtrisait déjà très bien l’anglais, et adopte désormais la culture locale. Il se sent déjà chez lui, bien aidé par ses coéquipiers et son club dont il est très proche : “La franchise et les coéquipiers t’appellent tout le temps pour savoir si t’es bien” confie-t-il. En dehors du terrain, il apprécie sa nouvelle routine : “Je marchais pour aller à Levallois. Maintenant j’ai mon chauffeur, ma sécurité partout […] c’est un kiffe, je me prends pas la tête”. Ce jeune homme, bien que discret et réservé, semble s’acclimater à la célébrité avec sérénité. Tout le monde à Washington croit en Bilal. “Le coach me fait confiance, mes coéquipiers aussi, c’est pourquoi j’ai beaucoup plus le ballon en main, ce que je n’avais pas la saison dernière” explique- t-il, bien conscient de son nouveau statut de pièce centrale sur l’échiquier des Wizards. Exigeant envers lui-même, le tricolore est convaincu qu’il sera meilleur lors de cette saison sophomore : “Je sais à quoi m’attendre maintenant, l’année prochaine ce sera bien mieux”, disait-il cet été.
« Ils étaient fiers de ce que je faisais,
fiers du fait que je travail. C’est
comme ça que j’ai pu me faire ma
place dans le 5 […] tout le monde
croit en moi, ça rend les choses
faciles », Bilal Coulibaly
Une nuit parfaite
Mercredi soir, dans une Capital One Arena survoltée, le prince de Washington a confirmé qu’il n’était plus le petit rookie de l’an dernier. Tous les projecteurs étaient braqués sur le jeune de 20 ans, numéro 0 dans le dos et bandeau sur le front, auteur de sa meilleure performance en NBA avec 27 points, 9 rebonds, 3 interceptions et un contre. La star du parquet n’était alors ni Trae Young ni Jordan Poole mais bien Bilal Coulibaly. Pour les observateurs américains, aucun doute : “Bilal est une menace absolue”. Autrefois dans l’ombre de Wembanyama, Coulibaly semble aujourd’hui prêt à prendre la lumière. ■